Récits de Trail

XXL Cévennes - Festival des Hospitaliers - 180 km - D+8000

Le 25/10/2019 par Damien SIMON

24/10/2019 : Après 8 h de route, arrivée à Nant pour retirer le dossard de la XXL, bonne surprise de croiser Luca Papi, dans les rues du village ! Cette année 2019 j’aurais pris un départ avec François D’Haene (Ultra Race) et un avec Papi ! Grosse pression ;)

Il me reste une dernière nuit de repos avant la course.

25/10/2019

Réveil 5h pour un gros petit déj, toujours le même depuis 2 ans avant les courses, pâtes, jambon, banane…

Nous arrivons à 6h30 sur le site de départ, la majorité des coureurs semblent être là, nous sommes 236 au départ, donc l’entrée dans le sas se fait sereinement.

L’organisation nous informe 5 minutes avant le départ que la course a dû être amputée d’une large portion ! Mais pour palier à cela, une boucle supplémentaire a été balisée à St Guiral. La course est donnée pour 180 km (j’ai l’impression en refaisant les calculs que c’est plutôt 177/178 km, ça ne change plus grand-chose !)

7h05 :

coup de fusil, c’est parti, sortie de Nant par la départementale 999 et ensuite on passe sur de petits chemins qui nous mèneront à la source du Durzon (qui alimente le Larzac). 23 km avalé en 3h15 environ, il y a 1000 de D+ sur cette portion mais l’excitation du début de course me fait avoir un bon rythme sans pour autant avoir encore la tête « dans la course » !

10h20 :

 je quitte le maigre ravitaillement du Durzon (eau plate + petits gâteaux salés, les organisateurs n’ont pas pris en compte les standards que l’on trouve sur les ravitos des longues distances !) Mon  accompagnateur  (Merci Papa ;) ) est là pour me ravitailler correctement.

On enchaine sur un taquet menant à l’entrée du plateau du Larzac, le temps se réchauffe, le ciel est découvert, les vautours commencent à planer au-dessus de nos têtes !

Prochaine étape, le village de la Couvertoirade à une vingtaine de km !

13h30 :

Après avoir traversé le fameux village, je grimpe jusqu’à moulin qui le surplombe pour arriver au ravito ! Cet endroit est magnifique, une pure cité Templière !

Le ravito n’est pas plus complet que le premier, il n’y a plus d’eaux gazeuse alors que je suis en milieu de peloton… mais les bénévoles sont adorables, ils ont compris que ce qu’ils proposaient ne correspondaient pas aux attentes des coureurs et font tout pour nous accueillir au mieux avec leurs moyens !

Je repars rapidement pour aller faire l’ascension du point culminant du Larzac à 950 m d’altitude avant de redescendre à Homs. A partir de là le parcours sort de sa trace original pour rejoindre directement Alzon, la première base de vie.

Nous ne passerons donc pas pendant la course le village de Vissec, de Blandas et surtout le fameux cirque de Navacelles… dommage.

J’arrive à 16h à Alzon après 60 km de course.

16h30 :

Départ de la base de vie pour une portion de 30 km sans ravitaillement avec l’ascension de St Guiral, je me sens toujours aussi bien, jambes légères, la tête est maintenant bien dans la course avec une grosse envie de voir la ligne d’arrivée.

Je prévois de dormir à Dourbies, prochain ravito !

L’ascension vers St Guiral (env 1 400 m) se fait bien mais c’est vraiment le début de la course maintenant -> On entre dans les Cévennes, les chemins deviennent plus techniques, énormément de cailloux, parfois très glissants à cause de la météo des jours précédents. Le ratio de déniv par km augmente et on prend de l’altitude !

Physiquement tout va encore bien pour l’instant donc j’en profite sans faire n’importe quoi non plus !

Après la boucle de 10 km supplémentaire ajoutée par l’orga (sans vraiment d’intérêt d’ailleurs… sauf à ajouter un peu de déniv), j’attaque la descente de 7 km sur Dourbies, j’y arrive à 22h15.

22h15 :

Après 15h15 de course, j’ai parcours la moitié du parcours (90 km) MAIS le dénivelé est concentré sur la deuxième partie et les chemins ne sont plus roulants comme dans le Larzac !

Je me ravitaille et essaie de dormir 45 min… je n’y arrive pas vraiment, pas assez fatigué, je regrette un peu d’avoir voulu anticiper la fatigue, je doute vraiment de cette stratégie, ça m’a juste coupé les jambes au moment de repartir !

Bref, je quitte Dourbies à 23h20 pour aller vers l’Espérou, il reste 88 km à parcourir, on commence par un gros taquet, une descente ultra technique en devers et ensuite ça fait le yoyo jusqu’au prochain ravito !

3h30 le 26/10 :

Me voilà à l’Espérou, le corps a bien souffert sur cette partie. Le devers a fait très mal, les pierres aussi !

Je strape ma cheville gauche qui me parait un peu faible et est douloureuse.  Je change  aussi de chaussures pour avoir plus de rigidité dans la semelle car je ressens une douleur sous la voute plantaire du pied droit (après avoir marché sur une pierre tranchante, un nerf commence à lancer dès que je pose le pied…).

Je me dis qu’on ne peut pas espérer finir une distance comme ça, sans douleur, donc je reste positif sur la possibilité d’aller au bout !

4h00 :

Je repars pour l’ascension du mont Aigoual où se trouve une des dernières stations météo habitées (peut-être la dernière !) de France, à 1 550 m d’altitude.

C’est dur car la douleur sous la voute plantaire s’amplifie au fur et à mesure des kms… je dois poser le pied de façon anormale pour continuer, je réfléchis à la façon dont je vais régler le problème au prochain ravito, je ne connais pas cette douleur, donc je prévois de tester un strap de compression !

Pour l’instant, plus possible du tout de trottiner, ni sur le plat ni en descente ou je dois être attentif à toutes les pierres susceptibles de m’exploser encore plus la voute plantaire.

Je passe le sommet un peu avant 6h, il fait hyper froid la haut, le vent me glace mais je prends le temps de trouver un abri pour observer quelques minutes le ciel étoilé.

La nuit est hyper noire, aucune pollution lumineuse dans les Cévennes, donc c’est magnifique !

Reste à descendre à la station du Prat Peyrot et j’aurais parcouru 130 km.

6h45 :

J’y suis !

Je parle un peu avec mon père de l’idée du strap pour mon pied droit, il n’y croit pas trop mais me dit d’essayer d’autant qu’après je n’ai que 10 km à faire en descente pour arriver à la dernière base de vie à Camprieu.

Je quitte le ravito à 7h après une soupe bien chaude !

Je vais mettre 2h30 à arriver à la base de vie, 2h30 pour 10 km de descente !

Une galère totale, mon pied fait mal sans que ça ne s’amplifie non plus… mais surtout, un coup de fatigue que je n’avais pas vu venir me tombe dessus ! Je veux juste dormir, je n’en peux plus, je me fais doubler par 4/5 coureurs sur cette partie (c’est énorme car ça fait des kms que je cours seul ! 230 coureurs sur une telle distance c’est la solitude pendant presque 2 tiers du parcours !)

Je cherche un coin d’herbes ou m’arrêter mais avec la rosée matinale, pas possible… donc je mets un pied devant l’autre.

Je doute vraiment être capable d’aller beaucoup plus loin à ce moment du trail.

J’avoue que je ne serais même pas capable de décrire les paysages traversés sur cette partie de la course, le cerveau était coupé.

9h30 :

ENFIN J’Y SUIS !!!! JE VAIS POUVOIR DORMIR !!!!

J’allume mon tel pour lire les encouragements du club et des amis, ça fait du bien ! C’est la première fois depuis 140 km et 26h30 de course que je lis vos messages !

Là je suis sorti de ma zone de confort en termes de durée de course et de distance… mais il reste 40 km.

Je m’installe pour 40 min de sommeil. Je tombe dedans mais le réveil se fait facilement. Je me change, je me ravitaille bien et je repars avec une nouvelle forme qui me redonne espoir de pouvoir finir, reste ce pied droit…

Je repars à 11h15 pour 18 km vers Trèves, 18 km que je sais ultra technique, en single, en descente mais avec un taquet de 500 m de D+ au milieu, histoire de… ! Je vais souffrir mais je serais à l’avant dernier ravitaillement !

15h :

J’arrive enfin à Trèves,

Effectivement, j’ai souffert, j’ai perdu beaucoup de places au classement général avec ma pause dodo de 40 min à la dernière BdV mais je m’en fiche, je retrouve l’espoir de finir.

Il me reste 13 km pour arriver à Cantobre, un village perché sur un éperon rocheux qui se trouve à 9 km de l’année ! Donc 22 km pour franchir la ligne !

Je reste à peine 5 min et je repars du ravitaillement, je sais que les 13 prochains kms sont aussi ultra technique, avec 600 m de D+, un plateau sur le causse noir et une descente hyper pentue !

18h50 :

J’ai été très lent mais j’y suis arrivé, je n’ai pas couru un seul mètre entre les 2 ravitaillements, j’ai cru m’être perdu tellement c’était long mais j’étais juste lent en fait…

Il y a des crêpes fait maison à ce ravitaillement, j’approche dangereusement de la Bretagne on dirait ! C’est bon signe ;)

Comme au ravito précédent, je ne m’éternise pas, je veux juste en finir et faire le moins de nocturne possible !

Les 9 km se compose d’une montée jusqu’au sommet du Roc Nantais (400 de D+ sur 3 km), un plateau en haut et 4 km de descente assez technique. Je prévois 2h à 2h30 pour finir.

Je monte tranquillement pour espérer aller plus vite sur le plateau et courir un peu en descente. Ça se passe bien, je suis seul et le nuit tombe, je croise juste des bénévoles qui encourage généreusement.

Arrivée en haut, j’arrive à marcher à 6 km/h sur le plateau, ça déroule les jambes ! Ça fait du bien et j’oublie vraiment la douleur.

Comme à chaque fin d’ultra, je retrouve une super forme pour la dernière descente, je speed jusqu’à reprendre un coureur qui m’a doublé 10 km plus tôt, il semble un peu dégouté…

Je finis par reprendre 6 ou 7 concurrents (qui sont en fait les derniers coureurs du 30 km ! Je ne réaliserais cela qu’à l’arrivée mais bon, ils m’ont motivé car je croyais regagner des places au classement général… ).

Je finis en trottinant sur le dernier km et même en sprintant (enfin dans ma tête c’était un sprint mais ma montre GPS n’est pas de cet avis avec une vitesse de 11.5 km/h seulement…)

Je passe à 20h45 la ligne d’arrivée, après 37h44 dans le Larzac puis les Cévennes. J’ai mis 1h45 à la place des 2h30 prévus sur cette portion.

Douche chez un habitant du village qui me propose gentiment de profiter de sa SDB car les vestiaires du stade sont loin et repas de fin de course au TOP !

 

Les points positifs :

  • Très peu de coureurs, donc course en solitaire
  • Une organisation qui découvre le long donc à améliorer, mais aux petits soins des coureurs !
  • Un parcours sublime (l’année prochaine, je programme un autre trail dans les Cévennes, l’Hivernale des Templiers surement)
  • Une organisation associative locale qui aime son territoire
  • Etre sorti de mon format de prédilection et de ma zone de confort
  • Super accompagnant qu’a été mon papa ;) Merci

 

Points négatifs :

  • Le suivi coureur…
  • Les 2 premiers ravitaillements
  • Un léger manque d’information avant le départ pour planifier au mieux son effort
C-TRAIL AFFILLIE FFCAM
C/O GUIDONI CAROLINE
KERLIERNO
56480  CLEGUEREC
Activités du club